La communauté d’habitants prévoit d’aider financièrement les jeunes gens qui seront tirés au sort pour servir le roi dans la milice

Résumé

Les jeunes gens qui étaient tirés au sort pour la milice devaient s’équiper à leurs frais. La commune prévoit ici une subvention de 50 %. Mais cet engagement ne vaudra que si les finances futures de la communauté le permettent. Il ne faudrait quand même pas mettre en péril les finances de la communauté. Ainsi, on interdit par avance le recours à un impôt supplémentaire. Une ligne a même été ajoutée pour interdire la vente ou mise en gage de biens communaux ou des coupes de bois. La solidarité a ses limites...


Ce jourd’hui vingtième du mois de janvier mil sept cens quarante sept, les maire, justice, habitants et communauté d’Olizy étant assemblez à la réquisition de Jean Hodier le plus jeune maire pour lors maire soussignez, ce marquez à l’effet des milices que le Roy exige de ses sujets lors qu’il lui plait ; et ayants tous examinez et prévenus par les présentes les suites fâcheuses d’Icelles à l’égard de tant de garçons qui se trouvent dans ce lieu d’Olizy et se trouveront à la suite sujets au sort de la milice et hors d’état de payer leur cotte part d’icelle les sus-dits ont résolus et accordez tous d’une voix unanime et commun consentement comme pour le bien public, de payer aux frais de la communauté susditte en faveur des garçons qui se trouveront sujets à la dite milice dans la suite, la moitié de ce a quoy ils pourront être taxés pour icelle par marché qui sera fait par le maire pour lors en exercice avec ceux qui serviront de miliciens pour icelle communauté d’Olizy pourvu qu’icelle communauté se trouve en état de le faire sans pour cela être obligée ni d’aliéner, engager des biens d’icelle, ni vendre partie d’aucun bois de coupes annuelle, de faire une somme au sol la livre de la subvention par forme de taille ; car ce cas arrivant pour lors ces présentes n’auront plus leurs forces et les volontés d’un chacun pourront être libres à l’égard de l’exposé des présentes ; ce que les susdits ont promis d’exécuter hors cette condition dernière, lors qu’il en seront requis par l’ordre de fournir à la milice et ont signé comme dit, ce audit Olizy les jours, mois et an susdits lecture faite Interligne et rature approuvées par les parties icelle première entre les vingt quatre et vingt cinquième ligne de la page d’autre part

Source : AD Meuse série BP


Note

La milice, destinée à pallier les difficultés de recrutement de l’armée, était une sorte de service militaire. Elle fut instituée sous le règne de Louis XIV (ordonnance de novembre 1688 à l’initiative de Louvois). Il faut se souvenir que sur les 54 années que dura le règne de Louis XIV, 29 furent des années de guerre... Et pour chaque victoire on donnait un Te Deum !

On procédait à un tirage au sort d’hommes, célibataires, âgés de 20 à 40 ans, qui devaient faire un service dont la durée a varié de 2 à 6 ans. Leur équipement restait à leurs frais, tant qu’ils stationnaient dans leurs régions. Une fois intégrés aux armées, c’est le roi qui les soldait.

La milice fut supprimée en 1697, mais réapparut en 1701 et subsista jusqu’à la Révolution.

Il y avait de nombreuses exemptions à la milice. En pratique elle ne touchait que le petit peuple des campagnes, mais dans des proportions assez faibles numériquement : quelques pour cent des jeunes étaient touchés. En contrepartie, on leur accordait des exemptions d’impôts. Les miliciens étaient en priorité affectés à des services d’arrière (garde des places et plus localement : garde des maisons-fortes le long de la Meuse...), mais parfois ils étaient engagés.

Les ruraux supportaient très mal la milice, d’où des désertions, des mariages en hâte, des mutilations volontaires et des cas d’insoumission...

Les paysans furent souvent les victimes secondaires des guerres, supportant les réquisitions de toutes sortes, les obligations de nourrir et loger les soldats... Ceci explique leur antimilitarisme, mais on l’explique aussi, pour les miliciens, par le mal du pays. Ces hommes appartenaient avant tout à une communauté d’habitant, à un village... Mais cet antimilitarisme ne serait-il rien d’autre que le simple bon sens de ceux qui ont travaillé pour produire des fruits que l’on détruit ?

 

La prise en charge des frais du milicien par l’ensemble de la communauté d’habitant est une pratique fréquente. Une autre solution était l’engagement d’un milicien volontaire par la communauté d’habitant.

 

La milice fut extrêmement critiquée dans les cahiers de doléance de 1789 : on réclamait une armée de métier !

Pourtant la Révolution instaura la conscription, bien plus étendue et plus radicale que la milice, laquelle avait en quelque sorte préparé les esprits...