Aujourd'hui 28 juin 1684, nous Pierre Guiot maire d'Olizy, Jacquemin Nizet lieutenant Antoine Hannequin, Gerard Thiry Barbier, Jean de Lhautel, Jacques Collignon et Louis Thirion tous échevins, exerçant la Justice audit lieu. Etant avertis par Hans Prima, l'un de nos Bourgeois, que Melchior Petit lui aussi Bourgeois d'Olizy l'avait envoyé prévenir la communauté que le feu était dans la coupe de la présente année. Nous sommes transportés sur ledit bois avec notre Greffier ordinaire où étant parvenus aux endroits des coupes appelé la Côte de Ligan, nous avons reconnus une étendue de coupes en feu. Nous nous sommes informé auprès de Melchior Petit, trouvé sur le lieu, d'où pouvait provenir cet incendie et qui en était l'auteur. Il nous a dit qu'étant endormi, après son travail, s'étant réveillé il a vu le bois en feu sans qu'il se soit aperçu par quel endroit il a commencé. Ce fait nous avons fait avertir les habitants de se rendre sur le lieu avec haches, houaux, escouppes et autres instruments propres a empêcher le cours du feu. Et par l'abattit des arbres les plus nécessaires et enlèvement du terrain, les dit habitants y ont courus en grand nombre et diligence, presque toute la communauté. En sorte que chacun ayant mis la main à l'œuvre jusqu'à ce que le feu ait été arrêté. Et pour plus grandes assurances nous avons commandé à cinq bourgeois de prendre garde la nuit qu'il ne se rallume quelque feu dans le canton de bois. Le lendemain nous sommes derechef transportés au bois avec tous les habitants avec des seaux et des chaudrons emplis d'eau pour éteindre le feu en cas qu'il y s'en trouverait en quelques endroits. Etant parvenus au dit canton, pendant que les habitants travaillaient de côté et d'autres, nous avons mesuré et arpenté la place incendiée laquelle s'est trouvée consister a la quantité d'un arpent vingt et une verges ou environ réduit par le feu, et Melchior Petit nous a dit et déclaré avoir cinq cordes de bois façonné ou environ de brûlé et nous avons dressé le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de raison le Jour Mois ci-dessus.


Note

Le bois était alors rare, précieux et convoité, son usage avait été très réglementé.

Il pouvait être prudent pour la municipalité de se couvrir de la responsabilité d'un "incendie", d'où ce procès verbal.

 

Pourtant, il n'est pas interdit de s'étonner qu'un feu se déclare pendant la sieste ! Il ne semble pas que la cause ait été une tronçonneuse surchauffée...

 

N'imaginons pas que notre imprudent bûcheron avait fait un feu avec les branchages, car le moindre bout de bois était ramené au village et utilisé pour le chauffage ou la cuisine.

 

L'incendie serait-il volontaire pour masquer d'éventuelles traces de dégradations commises dans la forêt par du bétail ?

 

On mentionne l'abattis d'arbres, chose difficile pendant un incendie.

Faute de preuves, ne prêtons pas plus de mauvaises intentions aux vénérables habitants d'Olizy de 1684 !


Glossaire

Arpent :
mesure de superficie valant plus ou moins 100 perches carrées.
Bourgeois :
habitant.
Canton :
les bois sont divisés en cantons (environ 25). Chaque année on coupe dans un canton les bois qui serviront au chauffage ou pour la construction des habitants.
Corde de bois :
mesure de bois de chauffage coupé et façonné. A l'origine on utilisait une corde. Comme toutes les mesures de l'ancienne France, elle était variable selon les pays. On parle aujourd'hui du stère.
Houaux :
sorte de houe, pour piocher, biner ou labourer la terre.
Lieutenant :
suppléant du maire.
Verge :
mesure de superficie, valant le quart de l'arpent. C’était aussi une mesure de longueur valant 12 pieds (3,75 mètres).
La coupe de la présente année :
Voir canton.