Ce jourd'huy, onzième mars mil sept cent quatre vingt huit Nous membres composant le corps de la municipalité d'Olizy après avoir opérées les impositions des tailles dont la communauté et chargé en la présente année et fait vérifier par le Subdélégué à Montmédy suivant l'ordonnance avons fait convoquer et assemblé tous les habitants corps et communauté au lieu ordinaire et accoutumé pour leur donner communication et lecture du rolle de la Subvention et à l'instant avons fait procéder à l'élection de quatre collecteurs tant pour les impositions que pour le vingtième de la présente année pour par eux ci après nommés faire la levé contenue aux rolles tant des impositions que du vingtième que nous leur avons mis en mains après avoir été vérifiés et rendu exécutoire.

En conséquence de la ditte élection les voix se sont portés sur les personnes de Pierre Pierrot Jean Mainbourneaux Henry Lallemand et Laurent Fauvlet, et après leur avoir fait lecture et communication du recueillement des voix à eux portés ce qu'ils ont acceptés et ont reçu les rolles tant des impositions que du vingtième et la contrainte à nous décerné y jointe comme par eux de s'y conformer ce qu'ils ont acceptés après lecture faite.

Ils se sont chargés les uns envers les autres solidairement de rendre les sommes contenues aux rolles entre les mains du sieur Baudin receveur à Sedan comme il est prescrit par l'ordonnance et ont signés audit Olizy les jours mois et an susdits

 

   Pierre Pierrot

 Henry Lallemand

   P. Pascal

   Laurent Fauvelet

 Jean Mainbourneaux

   E. Collignon

 

Controlé à Montmédy le douze mars 1788  Reçu quinze sols

 

Charles Collard
François

J-François greffier


Note

Les finances publiques ont toujours été problématiques en France. C'est d'ailleurs la crise financière qui a conduit à la convocation des Etats-Généraux en 1789 et donc à la révolution. Tous les ministres qui se sont succédés à la fin de l'ancien régime n'avaient jamais trouvé les moyens de solder les dépenses de la guerre d'indépendance américaine.

 

Faute d'administration, l'Etat se déchargeait de la collecte de l'impôt sur les particuliers. Ainsi, des collecteurs élus par les contribuables du lieu devaient lever l'impôt sur les habitants. En général les plus riches étaient choisis. Il fallait des gens honnêtes et de confiance. Naturellement des difficultés et des contestations s'élevaient souvent. Les collecteurs étaient responsables solidairement (à un seul pouvait être réclamé toute la somme due).

 

On ne se bousculait vraiment pas pour exercer ces charges contraignantes et très mal vues.

"Il n'y eut jamais, dans l'ancien régime, ni même, je pense, dans aucun régime, de pire condition que celle du collecteur paroissial." Tocqueville L'ancien régime et la révolution - Livre II Chapitre IX.


Glossaire

Le rôle :
liste des contribuables avec les sommes dues par chacun.
subdélégués :
subordonnés des intendants, Olizy dépendait de l'intendant de Metz. Les intendants (ancêtres des préfets) représentaient, avec de larges pouvoirs, le roi dans des circonscriptions assez vastes (les généralités).
La subvention :
impôt crée à la toute fin de l'ancien régime frappant tous les fonds à la manière des vingtièmes.
La taille :
le plus vieil impôt direct. Le gouvernement fixait à l'avance la somme qu'il désirait percevoir qui était ensuite répartie sur les contribuables (impôt de répartition). Le clergé et les nobles en étaient exemptés.
Le vingtième :
impôt égal au vingtième du revenu (impôt de quotité), il frappait toutes les classes.