Résumé

Chaque année les représentants de la communauté d’habitants procèdent à la nomination des gardes bans (gardes-champêtres) et fixent leur mission.


Ce jourd’huy treizième mai mil Sept cens Soixante trois, Nous maire, gens de justice et hommes quarante representants le corps et communauté d’Olizy soussignés, assemblés au lieu accoutumé ;

Pour nous conformer aux ordonnances et entretenir autant qu’il est possible la discipline et le bon ordre dans le public surtout pour la Campagne avons unanimement choisis et nommez Mathieu Fauvelet et Jean Claudin bourgeois de ce lieu ; en qualité de Gardes bans, pour veiller à la seureté des fruits de la campagne particulièrement des grains de toutes espèces et des foins de la prairie même dès à présent en herbes, tant de nuit que de jour desquels nous entendons qu’ils feront rapports de tout ceux qu’ils trouveront avec des Bestiaux les faisant paturer sans être attachez et accouplez dans les prez qui devront être au préalable entichez par les propriétaires connoissants du terrain, afin que ceux qui feront paturer de leurs parts, ne puissent s’étendre sur leurs voisins par cause d’ ignorance, lesquels propriétaires ne pourront à la fenaux voiturer ny faire voiturer leurs foins, non plus qu’à leurs grains de toutes especes à la moisson avant le soleil levé, ni après icelui couché sans encourir l’amande ainsi que ceux qu’ils trouveront faisants paturer leurs bêtes dans les faces de grains de toutes nature qui ne seront pas vidéez, tant de jour que de nuits et de ceux qui seront trouvez rapportants des chargés à col, Et en outre de ceux qui seront trouvez de même avec des bestiaux paturants dans des terres demeurez en friches sans être accouplez ;

Et comme convenus avec les dits Gardes que pour leurs peines et salaires ils auroient entre eux deux le tiers des amandes dont ils feront rapports qui seront taxez à garde faite à trois livres de nuit à trente sols de jour jusqu’à la St Remy prochaine Exclusivement par accouplez et a été dit entre nous que si leur dit tiers d’amande n’alloit point à Sept livres que la communauté leur feroit, et que s’il montoit à plus ils l’auroient à quoi il puisse monter,

Ce que nous avons rédigez et signez audit Olizy avec lesdits gardes les jours mois et an susdit …


Note

Dans un monde rural où toute richesse provenait de la terre, il était très important de protéger les récoltes et les pâturages. La vie rurale était réglementée et la collectivité se prémunissait contre les vols de grain ou de fruits et le pâturage sauvage.

Il faut s’imagier que les prés, les champs et les bois étaient extrêmement fréquentés par une foule de paysans, de laboureurs, de journaliers, de pâtres etc. C’est donc de nuit qu’il était possible d’enfreindre les règlements. Ainsi, on interdit la fréquentation des champs avant le lever et après le coucher du soleil.

 

Les gardes sont intéressés : un tiers des amendes leur revient sans limitation de montant et un minimum est garanti par la communauté. Leur zèle n’en était que plus aiguisé.

 

Les amendes sont prévues dans le cas de bestiaux « gardés » dans le cas contraire les gardes doivent ramener les bestiaux en fourrière.

 

Quand des vaches étaient trouvées en train de pâturer sur un terrain défendu, il suffisait au garde d’attendre que la vache rentre (seule) le soir à l’étable pour dresser un procès verbal à son propriétaire.


Glossaire

Accouplé :
en plus d’être attachés, les bœufs devaient être maintenus sous le même joug ?
Enticher :
un entich était une clôture faite avec des pieux de bois (enticher : clore).
La fenaux (mot en usage local ?) :
la fenaison (saison où l’on coupe les foins)
Face :
superficie ?
Qu’ils feront rapports :
qu’ils établiront un procès verbal, en vue de la condamnation ultérieure des contrevenants
La Saint Remy :
se fêtait en octobre (en janvier maintenant)