Avec l’espoir d'assurer une destinée correcte à leurs âmes, un couple fonde (sans doute librement) une messe anniversaire perpétuelle (ou obit) qui se dira en l'Eglise d'Olizy. Ces messes exceptionnelles sont dites votives (conforme à un vœu). La question financière est importante d’autant qu’il est à craindre que les héritiers ne remplissent pas leurs obligations. Pour se garantir une pâture est hypothéquée en faveur du curé. Les héritiers pourront toujours récupérer le terrain à la condition de payer, en une fois, la somme de 45 livres. On observe que le maire est présent.
Ceioudhuy unziéme iour du mois de septembre mil six cents quatre vingts et trois, sont comparus personnellement par devant nous Jean Jacquemet Curé d'Olizy, Gérard Gilles maÿeur du dit lieu, et Nicolas Collignon bourgeois soussignéz et témoins souscripts, Jean Gille bourgeois dudit lieu et Catherine Gérard sa femme, tous deux sains d'esprit et d'entendement, demeurants au dit Olizy, lesquels ont reconnu et déclaré qu'ayants fait réflexion qu'il estoit tres necessaire a un chrestien de veiller et pourvoir serieusement au salut de son ame, et au soulagement d'icelle après la mort, eux touchez de ce pieux motif ont derechef déclaré, et reconnu avoir fondé, et par ces présentes fondent une messe annüelle qui se dira a perpetuité en l'Eglise d'Olizy le mardy apres le iour de la Dédicace et ce pour le soulagement et le salut de leurs ames et de leurs parents, pour rétribution de laquelle messe annuelle et fond de la présente fondation pieuse qui est d'une vigile messe haute et recommendile annüelle comme dit est, Lesdits Jean Gilles et Catherine Gérard ont assigné et affecté trois quarts de préz situés en la prairie d'Olizy, roÿer Jean Grincourt par dessus d'une part, et les dits Jean Gille et Catherine Gérard et les héritiers d'Evrard Collignon aussy bourgeois d'Olizy d'autre part Lesquels trois quarts de préz demeureront entre les mains d'Evrard et François Gilles ou de leurs neveux enfants de Thevenin Gilles tous enfants des dits Jean et Catherine ; à charge de paÿer par chacun an, au iour que se dira le dit anniversaire, la somme de quarante cinq solz scavoir vingt cinq solz au "curé", dix solz pour le luminaire à l'Eglise, sept solz six deniers au marlier, et deux solz six deniers au profit de l'Eglise pour de lhuile, et à faute de paÿer au dit iour ; lesdits trois quarts de préz demeureront à la disposition du Sieur Curé ; sera néanmoins loisible aux dits héritiers de racheter la dite piece moyennant la somme de quarante cinq livres qu'ils delivreront a une seule fois pour remplacer au meilleur profit pour faire subsister le dit anniversaire moyennant bonne et suffisante décharge, et que le remplacement se fera incessamment ; sinon et à faute de ce faire laditte pièce demeurera toujours hypotequée, Ce que lesdits Jean Gilles et Catherine Gérard fondateurs desdits anniversaires ont voulu et ordonné estre fait, et que les dits Evrard et François Gilles ont promis effectüer ; et qu'ils ont et marqué et signé après lecture faite en leur présence, et la nottre, et en celle de Gérard Gille mayeur du dit Olizy et de Nicolas Collignon qui ont signé avec nous comme témoins Suivent les signatures |
Le nombre de contrats de ce type a diminué au cours du 18ième siècle.
Le code civil (de 1804) a interdit les donations directes aux curés.
S’arroger la faculté de remettre les péchés et prétendre garantir une heureuse destinée aux âmes semble un peu abusif, le principe reste pourtant très actuel, ailleurs...