Résumé

Des délits de pâturage (sanctionnés par l'ordonnances forestière sous le terme de mésus, mauvais usage) ont été commis dans les bois de la communauté d'habitants d'Olizy. Nul ne sait quel pâtre a pu laisser les animaux dont il avait la garde entrer dans les bois, pour y brouter les jeunes arbres encore fragiles. D'ailleurs on pense que cela n'a pu être commis que de nuit ou pendant la messe ! Les responsables de la communauté « mortifiés » rappellent la disette de fourrages et rejettent la faute sur les communautés voisines. Ce type de déclaration maladroite avait pour but (illusoire ?) de décharger la communauté de sa responsabilité et du défaut de surveillance devant la maîtrise des eaux et forêts. Ces cas sont extrêmement fréquents et répandus, ils laissent imaginer une certaine misère dans les campagnes de ces temps-là.


Ce jourdhuy dix Septième du mois de may mil sept cent soixante, nous Jean Fauvelet le Jeune maire du village d'Olizy, Nicolas Pierrot l'ainé Lieutenant maire, et les Echevins faisant et exercant la Justice audit lieu soussignez, ayant oüy dire que nos couppes de 1757 et 1758 étoient fréquentés par des bestiaux de plusieurs especes suivant la remarque qu' on en avoit faite par les fiantes différentes et assé nouvelles, nous nous serions ce jourd'huy transportez sur les dittes couppes enclavez entre les chemins de Cauroy et de la Blanche voyes, où étants et les ayants parcourus avons reconnus qu'effectivement il y avoit été des chevaux et bœufs ainsi qu'il nous l' est apparu tant par les fiantes que par la recrutte qui est foulé et rongé en beaucoup d'endroits tans dans une couppe que dans d'autre ce spectacle nous a beaucoup surpris et mortifié en même tems, et sans avoir égard à la grande disette des fourrages qui a regné jusqu'à présent et qui est appaisée par les nouvelles herbes des prairies, nous avons faits des informations reïterés tans particulières et secrettes que publiques pour tâcher de découvrir les autheurs de ce dégât, a quoy nous n'avons pu réüssir et avons été obligez d' en demeurer là, en concluant qu'il faut absolument que cela ce soit fait nuitemment et pendans les offices divins pour avoir été faits aussy secrettement qu' il l' a été puisque personne n' en a eu aucunes connoissances, et sans doute par des étrangers puisque nous avons pour voisins de ce côté là Inor et Martincourt où les bêtes mourroient de faim comme ailleurs. N' ayant donc pu trouver aucune satisfaction n'y connoissance des autheurs du délit pour les en faire punir, nous avons arrêté de dresser le présent procès verbal de la visite que nous venons de faire pour en décharger notre communauté pour etre Envoyée à Messieurs de la maîtrise particulière des Eaux et forests à Sedan que nous avons signez audit Olizy le jour et an d'autre part pour nous servir et valoir ce que de raison.


Glossaire

Nos coupes de 1757 et 1758 :
il s'agit des portions de bois d'affouage coupées ces années-là.
Le recrû :
terme forestier, est constitué des jeunes pousses qui rejettent des souches après la coupe du taillis.