SOUS-PREFECTURE
DE MONTMEDY

1ère DIVISION

Objet :

Débits de boissons

Commune d'Olizy
Demande de
la fermeture du
cabaret du Sieur
Burton

Montmédy le 7 Décembre 1863,

 

 

Monsieur le Préfet,

 

J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint un rapport en date du 5 décembre courant, par lequel le commissaire de Police du canton de Stenay m'informe que le 4 de ce mois Le Sr Burton Pierre, cabaretier à Olizy, a été condamné à un jour d'emprisonnement et à 11 francs d'amende, par le tribunal de simple police, pour avoir, conjointement avec plusieurs buveurs qui se trouvaient dans son établissement, fait faire dans la commune une sorte de charivari ayant pour but de tourner en ridicule l'administration municipale.

Ainsi que l'explique le rapport du commissaire de Police, le cabaret du Sr Burton est un foyer de désordre ; cet individu excite les jeunes gens qui fréquentent son établissement, au mépris de l'autorité du maire, et, par un sentiment de jalousie, les pousse à troubler la tranquillité dans les autres débits de boissons ; le maire, qui vient aussi de se plaindre à la Sous-Préfecture, de la conduite coupable du Sr Burton, affirme que ce débitant est l'instigateur de toutes les querelles et de tous les désordres qui se sont produits depuis quelques temps dans la commune, et qu'il est vivement à désirer qu'une mesure sévère vienne mettre un terme à cet état de choses déplorables que toute l'énergie de ce fonctionnaire est insuffisante à réprimer par suite des manœuvres du Sr Burton qui maintient dans un état de surexcitation les gens de son parti, qui tous se laissent conduire par lui.

Dans ces circonstances, je suis d'avis, Monsieur le Préfet que dans l'intérêt de la tranquillité de la commune d'Olizy le débit de boissons tenu par le Sr Burton lui soit retiré, et j'ai l'honneur de vous proposer de prononcer la fermeture de ce cabaret

 

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de mon respectueux dévouement

 

Le Sous-Préfet

Le préfet procède à la fermeture du débit de boisson dès le 10 décembre.

 

Cependant, le sous-préfet se serait-il emporté un peu vite ? On peut se le demander puisque le 29 février 1864 il prend de nouveau la plume pour s’adresser au préfet ; le contraste est saisissant !

SOUS-PREFECTURE
DE MONTMEDY

1ère DIVISION

Objet :

Débits de boissons

Montmédy le 29 février 1864,

 

 

Monsieur le Préfet,

 

Par arrêté en date du 10 décembre dernier, vous avez ordonné la fermeture du cabaret tenu à Olizy par le Sr Burton. Vous aviez pris cette décision, parce que cet individu avait été condamné à deux jours de prisons pour avoir tenu son établissement ouvert après les heures réglementaires.

Il demande aujourd’hui que vous vouliez bien, Monsieur le Préfet, l’autoriser à rouvrir son débit. Il reconnaît qu’il a mérité la peine qui lui a été infligé mais il promet qu’il ne retombera plus dans la même faute et qu’à l’avenir il respectera exactement les règlements.

Des renseignements que j’ai pris, il résulte que le Sr Burton jouit de l’estime publique dans sa commune ; qu’il est marié et père de famille ; que sa santé affaiblie par plusieurs maladies ne lui permet plus d’exercer sa profession de maréchal-ferrant, trop pénible pour ses forces ; que son débit de boisson seul le faisait vivre lui et sa famille.

Par ses raisons, je pense, Monsieur le préfet qu’il y a lieu d’accueillir favorablement la demande du Sr Burton et de l’autoriser à rouvrir son débit.

Source : AD Meuse 226 M 13

Le préfet donne aussitôt l’autorisation de rouvrir le 2 mars 1864 (on peut tout lui demander !)


Note

Le dangereux révolutionnaire est-il soudainement devenu un bon père de famille ? Plus sûrement, la première décision était abusive, (motivée par des calomnies, pour faire un exemple, dans l’urgence ?). D’ailleurs la seconde lettre ne parle plus que d’un banal problème d’heure d’ouverture.

 

On remarque quand même un climat assez tendu à Olizy, ainsi cette allusion du sous-préfet à « toutes les querelles » et « tous les désordres qui se sont produits depuis quelques temps dans la commune ».

 

La démission du conseiller municipal en 1863 serait aussi un indice de ces tiraillements ?